Le lac Écho est situé à environ une heure au nord-ouest de Montréal, dans la municipalité de Morin-Heights qui fait partie de la MRC des Pays-d’en-Haut.
Ne pas confondre avec les nombreux lacs Écho au Québec! Avant de s’appeler Écho, notre lac a porté les noms de Cedar, puis celui de Joe, en l’honneur du propriétaire de la première résidence située en bordure du lac.
Le lac doit maintenant son nom à l’écho, ce phénomène acoustique qui caractérise les étendues d’eau entourées de falaises rocheuses et de montagnes. Pour le reste, notre lac se distingue des autres lacs des Laurentides qui sont généralement de forme allongée. Pour certains, le contour du lac fait penser à un grand oiseau aux ailes et aux pattes déployées et pour d’autres, à un trèfle à quatre feuilles, du fait de ses quatre baies presque identiques.
Le lac Écho a une superficie de 0,287 kilomètres carrés. Il prend sa source au lac Anne, situé à environ quinze kilomètres en amont. Le ruisseau Jackson alimente le lac et sert aussi de décharge. Ce dernier rejoint la rivière à Simon qui se déverse finalement dans la rivière du Nord.
Le point le plus profond du lac est de 11,3 mètres. Il est situé au milieu de la baie dominée par le rocher éléphant, bien connu des nageurs. Un design en forme de trèfle à quatre feuilles, une végétation variée, et une géologie différente d’une baie à l’autre, offre des points de vue uniques et spectaculaires à chacune de la cinquantaine de maisons situées en bordure du lac.
Les maisons de style Nouvelle-Angleterre et le nombre important d’habitations en rondin disséminées sur le pourtour du lac constituent une autre caractéristique du lac Écho. Autrefois des chalets d’été, ces habitations ont finalement presque toutes été adaptées pour l’hiver, restaurées, et agrandies par des propriétaires soucieux d’en garder le cachet.
Avec leurs galeries sur trois côtés, leurs toits en pente et leur couleur blanche, les premières maisons ne peuvent nier leurs origines. Cependant, les maisons en bois ronds du lac Écho ont un style tout à fait original que l’on doit à l’entrepreneur Georges Binns, actif autour du lac entre 1935 et 1955 et en particulier sur les chemins Cottage et Log Village.
SON HISTOIRE
L’histoire du lac Écho est intimement liée à celle de la colonisation des Pays-d’en-Haut puis au développement des activités de villégiature dans les Laurentides au XXe siècle.
1855 : début de la colonisation
La toute première habitation de Morin-Heights fut construite … au lac Écho. En 1848, Thomas Seale et son frère, originaires de Connaught en Irlande, reçurent une terre de la Couronne et y bâtirent la première ferme du canton de Morin. Une partie de cette maison en bois équarri, située sur le chemin du lac Écho, a subsisté malgré les ajouts et les rénovations des différents propriétaires.
Au IXe siècle, les pionniers installés dans la région, comme les Seale, Watchorn, Newton et Jekyll, se rendaient au lac essentiellement pour pêcher, abreuver leurs animaux et y couper de la glace en hiver.
Fin des années 1800 à 1925 : chemin de fer et développement immobilier
Vers 1895, le chemin de fer du Canadien National a permis aux vacanciers de la région de Montréal d’accéder à Morin Flats (ancien nom de Morin-Heights) en train et par conséquent au lac Écho, à l’époque entouré de fermes. Au début, les familles qui venaient passer l’été dans la région, pour profiter de l’air pur de la campagne, s’installaient avec domestiques et bagages dans des pensions situées au village. D’autres étaient hébergées sur des fermes.
Les premières maisons secondaires furent bâties en 1904 par les familles Binns et Henderson, sur le modèle des chalets d’été de la Nouvelle-Angleterre. Ces premières maisons, dont certaines assez éloignées de la rive, avaient toutes une vue magnifique sur le lac. C’était l’époque où les champs et les troupeaux de moutons dominaient le paysage.
Voici la reproduction d’une lettre rédigée au cours d’une magnifique journée de l’été 1914 par le propriétaire d’une résidence secondaire au lac Écho. Ce témoignage, et la quiétude qui s’en dégage, est troublant lorsque l’on constate qu’il fût rédigé la veille de la déclaration de la première grande guerre mondiale.
At this writing, July 23, 1914, I cannot refrain from recording the fact that surrounded by my wife and children, in the midst of books and friends, never has life seemed so agreeable. I fancy I hear the throb of the city over the hills. I would wish it to be my last place of rest, and if my wife should survive that Highland Cottage be her absolute property. To me its many pleasant associations will hallow itself for ever in my memory.
– Fred Abrahams, Owner and Publisher of The Montreal Herald
C’est durant cette période, en 1912 ou 1913, que furent organisées les premières régates du lac Écho. Cette tradition s’est perpétuée jusqu’à nos jours.
Pendant quelques années, au jour de l’An, des courses de traineaux tirés par des chevaux ont été disputées sur le lac gelé. C’était bien sûr l’époque où les résidents possédaient encore des chevaux. Seule une calèche a été perdue, le cheval fut miraculeusement sauvé. Cet incident a peut-être mis fin à cette activité.
1930 à 1955 : ski et construction des « loggies »
C’est vers 1930 que Morin-Heights est devenu une destination pour les sports d’hiver, et en particulier le ski . Le train a permis de braver les pires conditions hivernales pour amener les amateurs de sports d’hiver dans ce paradis de neige, généralement pour la journée.
C’est aussi durant cette période que des chalets ont été isolés pour résister aux conditions hivernales et que l’entrepreneur George Binns s’est engagé dans la construction d’un développement de maisons en bois ronds (les fameuses « loggies »). Fort heureusement, ce développement n’a jamais déparé les lieux grâce à la diversité du paysage qui assure à chaque terrain une vue unique sur le lac.
Les « loggies » du lac Écho ont été bâtis en bois d’épinette et de sapin provenant de la région. Des rondins minces teints de couleur foncée et des coins en « Saddle Notch » distinguent les maisons en rondin du lac Écho de toutes celles qu’on retrouve ailleurs au Canada. C’est le design du célèbre Château Montebello, construit en seulement quatre mois en 1930 par le Finlandais Victor Nymark, qui avait lancé cette mode dans les basses Laurentides.
Le travail d’un artisan hors pair, Walter DaRold, a rendu les « loggies » du lac Écho vraiment uniques. Nous lui devons les sculptures décoratives ornant les cadres de porte et les poutres de soutien ainsi que les belles cheminées en pierres des champs de plusieurs maisons.
Le peintre d’origine allemande, Helmut Gransow, installé au lac en 1950, a ajouté sa touche artistique personnelle aux volets, murs et plafond de plusieurs résidences. Il a importé la peinture décorative de son pays natal où cette pratique remplaçait le papier peint beaucoup plus coûteux.
Vers la fin de cette période, tandis que les terres agricoles disparaissaient au profit de plus petits lots accueillant de jolies maisons secondaires, la communauté s’est élargie en même temps que se tissait l’esprit de bon voisinage. À preuve, l’existence pendant une certaine période d’un Club-House, où se regroupaient les résidents pour aller se baigner et danser le samedi soir!
Les années 1960
Avec l’amélioration des routes et l’attrait du ski, le lac Écho est devenu une destination et un lieu de villégiature quatre saisons. Les fermes ont été vendues en plus petits lots et la forêt a naturellement repris ses droits autour du lac.
Vers 1960, l’ensemble des terrains avait été bâtis. Le lac Écho a heureusement échappé à la tendance au défrichement extrême, populaire en aménagement paysagé. Ainsi, la majorité des terrains sont restés dans leur état naturel.
À cette époque, on retrouvait des professeurs de l’Université McGill et des médecins parmi la population du lac, attirés par le calme, la pureté de l’eau, l’aspect sauvage des rives et par l’absence de bateaux à moteur. Ces propriétaires, majoritairement anglophones, étaient davantage inspirés par le concept des jardins à l’anglaise, un style d’aménagement privilégiant l’harmonie naturelle de la végétation plutôt que sa domestication.
Les années 1980 à ce jour
En 1980, on dénombrait un nombre record de 88 maisons autour du lac. Un nombre impressionnant compte tenu de sa superficie. Cette nouvelle densité, conjuguée au fait que les maisons pouvaient être habitées à l’année et que certaines accueillaient maintenant des résidents permanents, a engendré une pression énorme sur l’environnement.
La communauté du lac Écho s’est alors mobilisée, grâce au leadership de quelques propriétaires visionnaires et à un esprit de collaboration déjà présent. Un immense projet de revitalisation des rives a alors été entrepris avant même que l’environnement ne soit un sujet d’actualité.
L’APLÉ a vu sa mission et ses priorités se cristalliser autour de la question de l’environnement tandis que la règlementation régissant la protection des lacs et de leurs rives se précisait, au gré de l’évolution des préoccupations environnementales des divers paliers de gouvernement.
Toujours dans le cadre de sa mission, l’APLÉ s’est aussi dotée d’un code d’éthique volontaire. Ce guide permet à l’APLÉ de communiquer aux nouveaux propriétaires, et de rappeler aux anciens, les principes du style de vie qui prévaut autour du lac.
Le statut interdisant les embarcations à moteur sur le lac est, sans contredit, l’élément ayant permis à ce plan d’eau de conserver sa sérénité et de contrôler la détérioration de la qualité de l’eau et l’érosion de ses rives. Le lac a ainsi survécu sans trop de conséquences à une époque où les préoccupations environnementales étaient rares.
L’APLÉ joue un rôle de plus en plus actif afin de faire face aux nombreux enjeux que pose la préservation de la qualité de l’eau et la quiétude des lieux. Depuis la fin des années 1970, chaque décennie a apporté de nouveaux défis et le futur, changements climatiques obligent, risque d’en révéler de nouveaux, toujours plus complexes.
LE FUTUR
Les défis du futur
LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES
Les effets des changements climatiques vont perturber l’ensemble de la planète et n’épargneront pas les Laurentides ni ses lacs, grands et petits. L’APLÉ devra poursuivre sa veille environnementale avec une vigilance accrue.
Les dangers du réchauffement climatique se présentent maintenant là où on ne les attendait pas. Les bernaches en sont un bon exemple. Depuis toujours, leur migration était un signe émouvant de l’arrivée de l’automne ou du printemps. Mais voilà que certains de ces oiseaux sauvages se sont installés en permanence autour de nos lacs et constituent une réelle source de pollution.
La hausse des températures de l’eau, conséquence des périodes de canicule plus fréquentes et d’une température moyenne plus élevée, les tempêtes et orages de plus en plus violents, créant une érosion néfaste des berges, sont d’autres facteurs liés au réchauffement climatique.
L’AUGMENTATION DU NOMBRE DE RÉSIDENTS PERMANENTS
La pandémie a provoqué une hausse importante du nombre de résidents permanents ou presque permanents. L’augmentation de l’activité humaine crée une pression sur le lac et ses berges. L’association doit prévoir les impacts de cet achalandage accru autour du lac et les répercussions sur l’environnement et le style de vie des riverains.
Le lac Écho, aussi petit que protégé soit-il, n’est pas à l’abri d’une prolifération d’algues envahissantes. C’est au tour des activités récréatives de constituer une menace. Les régates, la pêche et la navigation de plaisance pourraient, si on n’y prend garde, devenir source de contamination. Si les embarcations de nos invités, locataires et pêcheurs sont mal ou pas nettoyées, elles peuvent transporter des bactéries à la source d’une contamination.
CONTRER LE DÉVELOPPEMENT IMMOBILIER PAR LA CRÉATION D’UNE CEINTURE VERTE.
La conservation des espaces verts autour du lac est essentielle pour l’avenir et devrait être encouragée par l’association auprès de ses membres. Il est primordial que les propriétés non construites entourant le lac soient protégées et restent naturelles pour toujours. L’association devra en faire la promotion des nombreuses façons d’y parvenir.
Plusieurs dons de conservation ont déjà été faits à ce jour selon diverses formules. La conservation privée, le partenariat avec une organisation non gouvernementale de conservation, ou le gouvernement fédéral, provincial ou municipal sont les options offertes. Chaque cas est cependant différent. Le choix est guidé par la vision écologique et les avantages financiers potentiels de la partie qui cède les terres, ainsi que par les priorités stratégiques du partenaire choisi. Pour en savoir plus sur les options de conservation, consultez le site ruisseaujackson.org.
Les principales réalisations, déjà nombreuses, devraient servir d’inspirations pour le futur.
En 2015, les familles LANCTOT-LEROY, MCDONALD-PANCRAZZI et POIRIER, tous copropriétaires d’un terrain adjacent au développement du club de golf Balmoral, ont fait don de leur terrain à la municipalité de Morin-Heights. Les conditions du don comprenaient une liste d’activités permises et interdites à respecter à perpétuité. Les donateurs ont chacun obtenu un reçu de don de charité à des fins fiscales. Le but du projet était de protéger la flore et la faune.
Toujours en 2015, la famille LACKMAN a fait don d’une propriété, située près de l’embouchure du lac Mud, à la municipalité de Morin Heights, pour créer le parc Molly’s Trail. Ce projet avait pour but de protéger cette zone humide qui abrite des tortues et des hérons.
En 2018, JANE HOPE, résidente du lac Écho, a fondé le CLUB DES ACHETEURS DU LAC ÉCHO qui a rassemblé 29 familles. Le groupe a financé l’acquisition de terrains dans le bassin versant du Ruisseau Jackson pour les convertir à la conservation. Les dons fournis par le groupe ont permis à la municipalité d’acquérir des terrains et de devenir ainsi propriétaire. Les conditions du don comprenaient une liste d’activités permises et interdites à respecter à perpétuité, et la responsabilité de demander le statut de réserve naturelle auprès du gouvernement provincial.
L’Association des propriétaires du lac Écho (APLÉ) demeurera l’intendant, et les terres appartenant à Log Village Services constituent le terrain principal (auquel est lié la servitude de conservation). Ces mesures assurent des niveaux de protection accrus et la base juridique pour la défendre. Le résultat est une conservation de 215 acres nommée RESERVE NATURELLE RUISSEAU JACKSON. Les donateurs ont chacun obtenu un reçu de don de bienfaisance à des fins fiscales.
Le but du CLUB DES ACHETEURS DU LAC ÉCHO était de contenir le développement sur deux fronts. Premièrement, un développement immobilier trop proche du ruisseau Jackson aurait perturbé les schémas naturels d’écoulement des eaux de surface, ainsi que la filtration des eaux souterraines, vers la rivière. Le ruisseau Jackson fournit plus de 50 % de l’eau du lac Écho. De plus, le développement aurait perturbé les couloirs de migration d’animaux comme le renard argenté et le lynx roux, ainsi que les zones d’hibernation des cerfs et des orignaux.
Ce projet a pu être réalisé grâce aux dons des familles: Beaulne, G.Coté, Cusson, Deschamps. Donohue, Gauthier, Hope, Lafrance, Lanctôt-Leroy, Lavoie, C. Massé, McDonald, MacLean, Mendelsohn, Langevin- Michaud, Ménard, Pallet, Prévost, Pepin, Rancourt, Rondeau, Régnier, Tassé, JG. Thibeault, D. Trudeau, S. Trudeau, Turgeon, Yates, Zaumseil
Initiées par des individus ou groupe d’individus, c’est l’ensemble de la communauté qui bénéficie de ces démarches de conservation.
Projets futurs
De nouvelles initiatives de conservation sont actuellement en cours. Ces efforts contribueront à préserver la nature qui fait la beauté et garantit la santé de notre lac, pour nous et surtout pour nos descendants.
Notre communauté doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour soutenir et protéger une vision à perpétuité de notre environnement. L’Association se donne comme mandat d’informer et encourager les propriétaires à en apprendre davantage sur les avantages environnementaux et financiers de la conservation.